Mis à jour : 08/11/2022
Dans sa mission d’évaluation de l’état de santé de la biodiversité francilienne, l'ARB îdF s’est intéressée aux chauves-souris ainsi qu’aux menaces et enjeux qui pèsent sur ces petits mammifères, pour publier la Liste rouge régionale des chauves-souris d’Île-de-France.
Ce travail, réalisé par un groupe d’experts, statue sur le degré de menace pesant sur les populations des 20 espèces présentes régulièrement sur le territoire. Pour la première fois, cette publication s’accompagne d’une synthèse sur l’intérêt de la préservation de ce groupe d’espèces, les menaces le concernant, les progrès accomplis en termes de conservation, ainsi que sur les efforts à poursuivre pour enrayer leur déclin avec notamment des cas pratiques à destination de tous, citoyens, élus, gestionnaires ou exploitants.
La part d’espèces de chauves-souris menacées est trois fois plus élevée en région francilienne qu’au niveau national. En cause, comme pour les autres groupes évalués à l’échelle de l’Île-de-France (oiseaux, papillons de jour, libellules, plantes vasculaires), un étalement urbain, accompagné d'un éclairage nocturne défavorable à l’écrasante majorité des espèces de chauves-souris, des infrastructures rarement accommodantes pour le vivant et des pratiques agricoles rendant les milieux ruraux inhospitaliers pour la vie sauvage.
Comme on pouvait s’y attendre, les espèces rares et patrimoniales telles que la Barbastelle d'Europe, le Grand Rhinolophe ou encore le Petit Rhinolophe et le Grand Murin sont effectivement menacées. Les populations de ces trois premières espèces ayant été refoulées aux confins de la région, et les populations du Grand Murin étant éparses et réduites à une portion congrue de ce qu'elles ont pu être autrefois. Mais la véritable surprise se situe au niveau du statut d'espèces considérées comme communes il n'y a pas si longtemps par les naturalistes et aujourd'hui menacées : la Sérotine commune, affectée du statut «Vulnérable», et le Murin de Daubenton, classé « En danger » !
Quelques bonnes surprises ressortent néanmoins de ce travail collectif ! Une espèce autrefois mal connue et pourtant emblématique, le Murin de Bechstein, ne mérite finalement pas de statut de menace. Par ailleurs, la relative connaissance des facteurs de déclin, grâce au travail des naturalistes et des chercheurs, devra nous permettre d’enrayer ce déclin. Cette connaissance se base entre autre sur un fin suivi des populations, aujourd’hui possible grâce à Vigie-chiro, qui permet également d’établir un diagnostic précis.
Enfin, cette publication met en évidence l’existence d’outils pour faire de la région un territoire mieux en phase avec sa biodiversité, en prenant en exemple des actions concrètes menées en Île-de-France mais également dans d’autres régions : l’éclairage partiel dans certaines communes du Parc naturel régional du Gâtinais français, une gestion sylvicole adaptée dans le Parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse, la rénovation de bâtiments patrimoniaux favorable à l’accueil des chauves-souris, la lutte contre les moustiques tigres en favorisant leurs prédateurs à Marmande.