Ainsi, en 2018, ce sont au moins 8 espèces inconnues de la région qui ont été découvertes. Parmi elles, une plante dont une toute petite station a été trouvée par le Conservatoire Botanique National du Bassin Parisien (CBNBP/Fabrice Perriat) sur la commune de Bourray-sur-Juine, le Rorripe des Pyrénées. La station la plus proche connue se trouve à 80 km de là, dans le Loiret. On compte également deux nouveaux insectes parmi les découvertes : un grand Charançon, le Lixus de la Betterave, considéré comme un ravageur des cultures, trouvé sur l’Espace Naturel Sensible des carrières de l’Enfer en Seine-et-Marne par l’Office pour les Insectes et leur environnement (Bruno Mériguet/Opie), et une espèce de punaise d’affinité méridionale, Closterotomus ventralis, qui a été découverte à Rosny-sous-bois (Axel Dehalleux). Mais les chiffres se lisent à la lumière de certaines informations : si l’on ajoute pas moins de 5 nouvelles espèces d’araignées pour la région en 2018 (C. Jacquet), c’est en partie parce que les spécialistes sont peu nombreux. Et presque personne ne s’intéresse aux moucherons : il suffirait par exemple d’un inventaire ciblé sur ce groupe pour faire de nombreuses découvertes pour la région !
Des espèces occasionnelles se sont également égarées lors de leur migration et ont été observées pour la première fois en Île-de-France : un Chevalier à pattes jaunes à Nangis (Christophe Bray), en Seine-et-Marne, un oiseau d’eau américain, et un Goéland dominicain au Plessis-Gassot dans le Val d’Oise (Thibault Chansac), en provenance lui d’Afrique australe ! On suppose aussi que l’observation d’un Sympetrum déprimé au Parc Georges Valbon (Sylvie Rufin), en Seine-Saint-Denis, libellule originaire du sud de la France qui n’avait jamais été vue dans la région, est le fait d’un individu en exploration.
Certaines espèces qui n’avaient pas été observées depuis plus de 50 ans ont été retrouvées. Nous avions déjà cité l’Orchis grenouille en Vallée du Petit Morin. Ce fut également le cas pour deux espèces de mousses dans le cadre d’inventaires réalisés par le CBNBP : la première, Physcomitrella patens, une mousse de très petite taille affectionnant les berges, a été trouvée dans la réserve nationale de Saint-Quentin-en-Yvelines 80 ans après la dernière mention régionale (Sébastien Filoche) ; la seconde, Jungermannia atrovirens, a été retrouvée dans le département de l’Essonne en limite avec le Loiret sur la commune d’Abbeville la rivière (Leslie Ferreira). Elle n’avait plus été citée depuis le début du XXe siècle. Lors d’un inventaire de papillons de nuit mené à Marcoussis le 4 octobre, Lucile Ferriot a pu identifier et photographier la Xanthie rosâtre, qui n’avait pas été mentionnée depuis 1947 en Île-de-France et n’avait encore jamais été vue en Essonne. L’inventaire de l’Espace Naturel Sensible des carrières de l’Enfer a également permis la redécouverte d’un coléoptère du groupe des carabes, Ophones cordatus (B. Mériguet/Opie). Cette espèce des milieux secs n’était connue que de deux mentions en 1945 et 1950.
Une nouvelle localité a été trouvée pour trois espèces qui n’étaient connues auparavant que d’un seul site en Île-de-France. Une plante de la famille des Scrophulariacées, la Molène fausse blattaire, n’avait été observée que dans la boucle de Moisson (Yvelines) ; sa présence est désormais avérée également en bordure du massif de Rambouillet, à la Boissière-Ecole (Benjamin Fougère). Une libellule caractéristique de la Loire, le Gomphe serpentin, avait été découverte pour la première fois en 2015 dans la région à Jaulnes, dans la Bassée. Un nouveau site de reproduction est dorénavant connu non loin de là, le long d’un bras mort de la Seine (Paula Bossart & Sébastien Siblet/Ecosphère). Une coccinelle des régions méridionales, Ceratomegilla undecimnotata, découverte pour la première fois en 2015, semble être en train de s’installer dans la région puisqu’elle a été observée cette année à Rosny-sous-Bois (A. Dehalleux) et à Choisy-le-Roi (L. Claivaz/ARB-idf).
L’année 2018 s’est également distinguée par une plus forte présence de certains taxons. Habituellement rarissime et venant de la Taïga lointaine, plus de 350 Sizerins flammés ont été dénombrés durant l’hiver, surtout à Paris et en proche banlieue, souvent en compagnie de Sizerins cabaret. Ces oiseaux sont parfois sujets à des mouvements irruptifs lorsqu’une bonne reproduction est conjuguée à une absence de fructification des bouleaux. Une Libellule particulièrement menacée, la Leucorrhine à grand thorax, a été observée dans trois nouvelles localisations notablement excentrées par rapport à la répartition connue de l’espèce. Sa reproduction a été fortement suspectée en forêt de l’Hautil, dans le Val d’Oise (Julien Piolain). Bittacus hageni, un autre insecte d’un groupe fort méconnu, les Mécoptères, n’était connu que de 3 observations mais a été mentionné sur pas moins de sept nouveaux sites cette année (Pierre Tillier & Julien Bottinelli). Moins de 30 stations sont connues en France : l’année semble avoir été favorable à l’espèce.
Terminons par une information remarquable qui ne nous est parvenue que récemment, concernant la découverte d’une nouvelle espèce d’orthoptère pour l’Île-de-France en septembre 2017 : deux Criquets pansus (Pezotettix giomae) ont été observés et photographiés le long d’un échangeur routier de la commune d’Herblay-sur-Seine dans le Val d’Oise (Vivien Sottejeau). Des recherches seront menées en 2019 pour vérifier si l’espèce est toujours présente.