Dans sa mission d’évaluation de l’état de santé de la biodiversité francilienne, l'ARB îdF s’est intéressée, en partenariat avec la Société Herpétologique de France, aux amphibiens et reptiles ainsi qu’aux menaces et enjeux qui pèsent sur ces groupes.
Ce travail, réalisé par un groupe d’experts, statue sur le degré de menace pesant sur les populations des 27 espèces se reproduisant sur le territoire. Cette nouvelle liste rouge est d’ores et déjà utilisable et sera accompagnée prochainement d’un fascicule sur l’intérêt de la préservation de ce groupe d’espèces, les menaces le concernant, les actions accomplies en termes de conservation, ainsi que sur les efforts à poursuivre pour enrayer leur déclin avec notamment des cas pratiques pour sa prise en compte dans les projets soumis à la séquence « Eviter-Réduire-Compenser ».
Un quart des amphibiens (25%) et reptiles (27%) est actuellement menacé en Île-de-France. Ces chiffres alarmants sont comparables aux résultats obtenus par la Liste rouge nationale de 2015. Contrairement à cette dernière, notamment pour les reptiles, beaucoup d’espèces se retrouvent dans la catégorie « quasi-menacée », une situation précaire qui nécessite une prise en compte immédiate de leurs besoins sous peine d’une dégradation rapide vers le statut d’espèce menacée. Les principales causes de ces déclins sont la destruction et la fragmentation des milieux naturels, l’intensification des pratiques agricoles et les changements climatiques qui repoussent certaines espèces dans des localités toujours plus restreintes.
Comme on pouvait s’y attendre, les espèces rares et patrimoniales telles que la Vipère péliade, le Sonneur à ventre jaune ou encore le Pélodyte ponctué et le Crapaud calamite sont effectivement menacées. Les populations de ces trois premières espèces ayant été soit refoulées aux confins de la région, soit subsistent à travers quelques fragiles localités. La véritable surprise se situe au niveau du statut d'espèces considérées comme communes il n'y a pas si longtemps, mais dont les populations ont tellement régressé ces dernières années qu’elles sont désormais menacées : le Triton ponctué, affecté du statut « Vulnérable », et la Vipère aspic, classée « En danger » !
Au-delà des espèces menacées dont la vulnérabilité est bien documentée, d’autres souffrent d’un manque de connaissances préjudiciable à leur bonne conservation. C’est notamment le cas de la Grenouille de Lessona dont la difficulté d’identification, par rapport au complexe des grenouilles vertes, nous empêche d’avoir une vision réaliste de l’état des populations qui souffrent vraisemblablement d’hybridation et de la perte de leur habitat.
Quelques bonnes surprises ressortent néanmoins de ce travail collectif ! Une espèce emblématique et souvent menacée dans les régions limitrophes, le Triton crêté, ne mérite finalement pas de statut de menace. L’espèce semble s’adapter aux particularités du territoire francilien et fait preuve d’une résilience notable face aux perturbations, ce qui maintient ses populations.
Réalisé avec une approche de rédaction partenariale, le futur fascicule devrait permettre une meilleure connaissance de ces groupes élusifs et ainsi une meilleure prise en compte de leurs besoins, notamment grâce à des retours d’expérience.
Vous retrouverez très prochainement ces statuts dans GeoNat'îdF.