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Mis à jour : 21/09/2023

Le Syndicat de l’Orge a en charge sur son territoire de la gestion des milieux naturels, comprenant de nombreux boisements. En 2013, le Schéma régional de cohérence écologique (SRCE) a permis d’initier une réflexion sur la trame écologique liée au cours d’eau et milieux forestiers. Des lacunes et un besoin d’identifier les enjeux pour une gestion cohérente ont été relevés. Afin de combler ces lacunes et orienter les actions de gestion, le syndicat s’est engagé dans une démarche de projet Trame verte et bleue (TVB).

En 2018, une convention de partenariat scientifique et technique a été formalisée entre le Syndicat de l’Orge et l’Office pour les insectes et leur environnement afin de répondre conjointement à l’appel à projets régional « Lutte contre l’érosion de la biodiversité en Île-de-France ». Les objectifs de ce partenariat ont été (1) d’améliorer les connaissances naturalistes sur le territoire du bassin versant de l’Orge et identifier les enjeux sur les coléoptères saproxyliques, (2) d’alimenter la réalisation d’un schéma directeur intercommunal « Trame verte et bleue », (3) de sensibiliser les communes à leur patrimoine naturel et leur apporter des éléments pour les guider dans l’élaboration et la révision de leurs documents d’urbanisme et (4) d’orienter les gestionnaires de milieux naturels dans leur choix de gestion via un plan d’action opérationnel.

Pendant trois ans, un inventaire a été conduit dans une sélection de 30 boisements (10 par ans) potentiellement favorables à une grande diversité de coléoptères saproxyliques. Afin de connaître la capacité d’accueil pour la biodiversité, une description de l’habitat par l’Indice de biodiversité potentielle (IBP) a été réalisée. Dans chaque boisement, deux pièges à interception ont été posés.

En trois ans, 13 733 coléoptères ont été identifiés, comptant 551 espèces, dont 422 « saproxyliques » (liées au bois mort et/ou en décomposition). Ainsi, ce sont 305 nouvelles espèces pour le territoire du Syndicat, 128 pour le département de l’Essonne puis enfin, trois nouvelles espèces pour l’Île-de-France qui ont été recensées. Dans le territoire du Syndicat, deux espèces protégées au niveau régional, 49 espèces (dont 43 saproxyliques) déterminantes de Znieff et 35 espèces présumées « peu communes à rares » ressortent des données.

D’après l’IBP, les boisements étudiés ont globalement des caractéristiques favorables pour la biodiversité saproxylique. Les analyses de l’inventaire font ressortir deux cortèges d’espèces bien distincts, liés à deux « sous-trames » complémentaires possédant chacune leurs propres espèces indicatrices : le cortège d’espèces liées aux boisements humides et celui à rapprocher des boisements mésophiles des coteaux et plateaux bordant la vallée. En outre, nous avons pu comparer ces résultats avec ceux observés dans d’autres boisements emblématiques de la Région. Les boisements humides du territoire apparaissent globalement fonctionnels avec une faune saproxylique encore bien développée (bon état de conservation). Alors que la qualité des boisements de coteaux et de plateaux est, du point de vue de leurs faunes saproxyliques, beaucoup plus disparate, révélant des situations contrastées voir localement une valeur patrimoniale faible.

En complément, des pistes de gestions axées sur de la « non-intervention » dans des boisements peu accessibles au public, pouvant faire office de « réservoir de biodiversité » sont proposées. Pour le gestionnaire, l’IBP s’affirme comme un outil de diagnostic adéquat pour appréhender l’état de santé d’un boisement en corrélation avec les besoins de la faune saproxylique. Enfin, continuer à définir les réservoirs de biodiversité et les corridors écologiques du territoire du Syndicat serait pertinent pour consolider la démarche de trame « vieux bois ».

Cette étude construite en partenariat entre une collectivité et une association apporte une perception originale du territoire dont découle une analyse innovante propice à la mise en place d’actions de préservation de la biodiversité.